« Ce bas-monde est l'ennemi de Dieu », affirme l'imam al-Ghazâlî. C'est en raison de ses duperies que les hommes s'égarent, et c'est en raison de ses rets qu'ils trébuchent. L'inclination pour ce bas-monde est ainsi la source de toutes les fautes et de tous les méfaits ; et son rejet, la source de toutes les observances et de toutes les œuvres méritoires. Al-Ghazâlî indique ici combien il est méritoire de prendre ce monde en aversion et d'y renoncer, sachant que cette attitude constitue la source des actions salutaires. On ne saurait accéder au salut autrement qu'en y renonçant et en s'en détachant.
Il se trouve que le détachement ne peut se réaliser que par deux voies : soit que le bas-monde lui-même soit ôté au serviteur, c'est ce que l'on appelle « l'indigence » (al-faqr) ; soit que le serviteur se soustraie par lui-même à ce monde, c'est ce que l'on appelle « le renoncement» (az-zuhd). Chacune de ces deux voies correspond à un certain degré dans l'accès à la félicité, et participe à sa façon à aider l'individu à s'assurer le succès et le salut.