Le membre gouvernant dans le corps est naturellement le plus parfait et le plus achevé de tous, en lui-même et en ce qui lui est relatif, et il a le meilleur de tout ce qui lui est commun avec les autres ; il y a au-dessous de lui d'autres organes qui gouvernent ceux qui leur sont inférieurs et dont le gouvernement est différent de celui du premier puisque, étant, à leur tour, sous le gouvernement de celui-ci, ils sont à la fois gouvernants et gouvernés.
De même, le gouvernant de la cité est la partie la plus parfaite de celle-ci en ce qui lui est propre, et est le meilleur en tout ce qui lui est commun avec les autres. Au-dessous de lui, sont des gens qu'il gouverne et qui en gouvernent d'autres. Aussi, pour légitimer ce modèle par le témoignage de la nature, le faylasûf présente-t-il, d'abord, une psychologie ou théorie de l'âme et de ses " puissances ", inspirée d'Aristote et entièrement fondée sur la hiérarchie des fonctions psychiques ; puis, une théorie du vivant ou physiologie, inspirée aussi bien d'Aristote que d'Hérophile et Erasistrate, et entièrement destinée à montrer la supériorité des organes les uns sur les autres et leur coopération, chacun à son niveau, à la vie de l'organisme.
Ainsi, selon son rang dans l'échelle sociale, chaque habitant de la " cité vertueuse " doit-il effectuer au mieux la tâche qui lui incombe et se conformer à la ligne fixée pour tous par " le gouvernant vertueux "
AL-FARABI, ABU NASR (872-950)
Né en Transoxiane, près de Fârâb, Abû Nasr al-Fârâbî, aussi connu en Occident sous les noms d’Avennasar et d’Alfarabius,
fut un des grands philosophes hellénisants musulmans de langue arabe, après al-Kindî et avant Avicenne. Il se
fixe en 942 à Damas, à la cour du souverain Hamdânide Sayf ad-Dawla. Son oeuvre se concentre sur la pensée grecque
(aristotélisme et néo-platonisme), dont il fait de nombreux commentaires. Il écrit, entre autres, sur la musique, la
physique et la métaphysique. Averroès et Maïmonide appelaient al-Fârâbî le « second maître », après Aristote.