
Comme toutes les révolutions populaires, la révolution tunisienne fut un événement. C’est un fait inattendu et qui a surpris tout le monde, « observateurs », militants et même ceux qui en étaient les acteurs. Il est vrai que plusieurs couches de la population, plusieurs groupes politisés ou non, sont entrés en confrontation avec le pouvoir despotique depuis longtemps, entraînant procès politiques, incarcérations et répressions. Une série de faits a donc eu lieu, qui exprimaient le mécontentement du peuple et de ses couches les plus lésées ou les plus « conscientes ». Mais au moment où les événements de Sidi Bouzid se sont déclenchés, personne, absolument personne, ne croyait qu’ils allaient engendrer une révolution aboutissant à la chute du système despotique et la fuite de son chef.
CHERNI, AMOR
Amor Cherni est un intellectuel d’origine tunisienne, spécialiste d’histoire des sciences et de la philosophie, domaines
dans lesquels il a publié plusieurs ouvrages. Jeune, il milite dans les rangs de l’extrême-gauche tunisienne à Paris et à
Tunis. Son engagement politique lui fait connaître arrestations, interrogatoires, licenciement, procès. Ayant récupéré
son statut et son emploi, il reprend l’enseignement et la recherche, et obtient une habilitation à l’Université Paris 1,
et à l’Université de Tunis où dirige le Département de philosophie. Depuis 1998, il est professeur à l’Université Blaise
Pascal à Clermont-Ferrand.