" Sache que le point sous le Bâ constitue le début de chaque sûrah du Livre d'Allah Très-haut, car la lettre est le développement du point, or toute sûrah débute forcément par un point, d'où il découle nécessairement que le point est au commencement de toutes les sûrah du Livre d'Allâh ".
" Le Bâ s'étend sous la lumière du Alif comme l'ombre s'étend, or de même que l'ombre de tonte chose est comme la chose, de même l'étendue du Bâ, dans toute écriture, est à la mesure de l'axe du Alif dont il est la projection. Le Bâ se voit donc comme l'ombre de cet axe et sait par là que sa propre persistance n'est due qu'au Alif, étant donné que l'ombre n'a d'existence que par l'objet dont elle projette le corps ". Cet extrait de l'ouvrage du cheikh Abd-el-Karîm al-Jîlî illustre l'esprit de son enseignement fondé sur la rigueur et le dépouillement de la pensée et vivifié par les possibilités transformatrices du symbolisme sacré.
Avec cette première présentation en langue française d'une œuvre complète sur le sens ésotérique de la parole initiale du Coran, Jâbir Clément-François ouvre une série d'études et de traductions commentées dans lesquelles il entend mettre en relief le rôle essentiel de l'intellectualité dans la spiritualité islamique et la métaphysique en général. C'est à ce titre qu'en introduction au présent traité, il livre une étude approfondie sur les fondements du symbolisme traditionnel, la place et le rôle de l'Intellect dans ses relations avec le Verbe divin dans les Traditions Abrahamiques, la doctrine de la Non-dualité dans ses formulations islamiques.
Jâhir Clément-François illustre ses propos de nombreux textes du Taçawwuf tels que ceux d'Ibn 'Arabî, Jâmî, le cheikh el-'Alawî ou encore l'émir 'Abd el-Qâdir, mais aussi, suivant la méthode de René Guénon, par des références appartenant à d'autres formes traditionnelles, comme Lao Tseu, Ramana Maharshi ou Maître Eckhart. La " Science des Lettres " est le support privilégié de ce cheminement qui suit toujours les pas de l'ouvrage traduit et en éclaire les expressions les plus déconcertantes.
‘Abd al-Kar?m b. Ibr?h?m al-J?l? est descendant du cheikh ‘Abd al-Kar?m al-J?lan?, il naquit en 1366 à J?l (d’où son nom) dans la région de Baghdad. Il eut pour maître le cheikh Sharaf ad-d?n Ism?ïl b. Ibr?h?m al-Jabart? et vécut au Yémen et en Inde. Il est comme l’émir ‘Abd al-Qad?r un maître dans la lignée akbarienne et ses écrits portent la marque de l’enseignement métaphysique du cheikh b. ‘Arab?. Il écrivit une trentaine d’ouvrages dont les plus connus sont avant tout son exposé sur la doctrine de l’Homme universel (al-ins?n al-k?mil f?-l-ma’r?fa, traduit en français sous le titre De l’Homme universel) et son commentaire des Fut?h?t d’Ibn ‘Arab?. Il mourut vers 1428.